Les talkshows politiques ou l’art de parler pour ne rien dire

Les talkshows politiques - Dinow

Je parle bien sûr des talkshows politiques libanais et pas des quelques rares émissions intéressantes qui nous rappellent de temps en temps qu’il existe des intelligences libanaises de haut niveau qu’on omet, à dessein, d’inviter par peur de réveiller les téléspectateurs habitués à dormir sur les sons des inanités répétitives et creuses de nos chers politiciens. Passés maîtres dans l’art de ressasser les mêmes rengaines et clichés aux voyelles sonnantes et trébuchantes, ils se complaisent dans l’art de mentir effrontément en bombant le torse (déjà bien bedonnant à force de diners et déjeuners pour la cause commune!) et en se découvrant une fougue et une passion à jamais tarie pour le bien de la patrie et de tous les Libanais.

Même scenario sur toutes les chaines: Les interlocuteurs bien asticotés et parés de leurs plus beaux atours commencent le show en échangeant des sourires aussi mielleux que faux. L’animateur, après maintes courbettes, lance une question d’actualité -Ne vous excitez pas, c’est le même leitmotiv qui revient depuis belle lurette- et voilà le plus rapide des deux protagonistes qui commence son diatribe d’une voix de stentor(car l’interlocuteur dont la moyenne d’âge vacille dans la marge des “Seniors” plutôt que “Juniors”, risque de faire un somme à tout moment et que l’animateur qui a mémorisé les propos de chaque politicien ad vitam eternam porte déjà l’expression d’une personne qui s’apprête à dormir les yeux grands ouverts..) le politicien du jour s’époumone et défend son parti, son za3eem et ses idées politiques comme si sa vie et son argent en dépendait –son argent en dépend dans tous les cas-.

Bien réveillé par la voix stridente de son « ennemi » politique, l’adversaire frappe d’une main ferme sur la table et d’une voix non moins tonitruante mais tremblante quand même, il assène une réponse qui se veut implacable et sans retour. L’animateur, après avoir jeté un coup d’œil furtif sur son make- up, intervient d’une voix sirupeuse et obséquieuse pour calmer les esprits et éviter que les protagonistes n’en viennent aux mains comme dans toute « démocratie » qui se respecte. Une heure ou 2 heures après, gros Jean comme devant et ayant parlé pour ne rien dire comme d’habitude, nos 2 coqs, fanfarons et satisfaits d’avoir mené à bien leur mission périlleuse, se congratulent mutuellement et se promettent un prochain déjeuner/diner d’ « amitié » pour fêter leur entente, échanger et discuter leur points de vue édifiants pour sauver encore une fois la nation et les concitoyens du méchant sort qui les attend.

Aussi stériles qu’inutiles, on se demande pourquoi les chaines de télévision ne cessent de nous rabibocher les oreilles avec les talkshows qui transmettent les sornettes depuis la Saint glinglin. Serait –ce parce qu’ils ont leur public assoiffé à jamais de promesses vides, discussions tarées et veuleries de tout genre répétées par les mêmes marionnettes?

C’est trop triste de dire qu’on a les gouverneurs qu’on mérite.

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